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Quiet quitting : faut-il vraiment s’inquiéter ?
Si l’adage « travailler plus pour gagner plus » a longtemps été la norme en entreprise, les salariés revendiquent désormais un nouveau credo. Loin du surmenage et de la course aux heures supplémentaires, le quiet quitting place la réussite professionnelle au second plan. Comment se manifeste ce désengagement et quel management adopter pour changer la donne ? On fait le point.
Qu’entend-on vraiment par quiet quitting ?
Le marqueur d’une époque
Si on se contente de traduire le terme de quiet quitting par « démission silencieuse », on imagine un mouvement d’abandon de poste massif. Pourtant, ce concept est bien complexe qu’il le laisse présager. En effet, les quiet quitters ne cherchent pas à claquer la porte de leur bureau, mais plutôt à lever le pied en modifiant leur rapport au travail. Comment en sont-ils venus à cette remise en question ?
L’affaire prend de l’ampleur après la publication d’une courte vidéo Tiktok américaine dans laquelle un jeune homme décrit l’idée derrière ce nouveau terme : s’en tenir au descriptif de la fiche de poste, sans aller au-delà et ne plus définir sa valeur sous le seul prisme du travail.
Rapidement, le hashtag devient viral et le buzz se trouve critiqué. Néanmoins, le mouvement de fond témoigne d’une réalité difficile à ignorer à l’heure où l’organisation du travail subit de profondes métamorphoses après la crise du Covid-19.
Bon à savoir : si la popularisation du concept s’est faite sur Tiktok après la publication d’une vidéo américaine, le hashtag #TangPing, « rester allongé », avait déjà enflammé la communauté chinoise en 2021.
Par ailleurs, le quiet quitting ne sort pas de nulle part, il est une suite logique de la période de Great Resignation ou Grande Démission aux États-Unis qui a été marquée par d’énormes vagues de démissions, dont 4,4 millions sur le seul mois d’avril 2022 d’après le département américain du Travail. Qu’en est-il en France ?
Le désengagement des salariés français
Si le territoire national n’a pas subi un raz-de-marée de démissions selon la Dares (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), il est impossible de nier le questionnement des salariés sur le sens au travail.
Dans une étude Indeed/OpinionWay, 42 % des moins de 35 ans déclarent envisager de quitter leur travail. En parallèle, une autre menée par Malakoff Humanis révèle que 23 % des jeunes Français ont une vision négative de leur santé mentale ce qui aboutit à une explosion des arrêts maladie chez les moins de 30 ans.
Bien que les chiffres des départs n’équivalent pas ceux de nos voisins outre-Atlantique, il n’en reste pas moins que le désengagement est d’actualité, d’autant plus si on prend en compte les données alarmantes concernant le burn-out…
Une chose est sûre, l’ampleur de cette crise de l’emploi n’est pas due au hasard. Après deux ans de pandémie, la question de la qualité de vie au travail est devenue centrale. Désormais, les salariés ne sont plus prêts à se donner corps et âme pour leur entreprise, ils recherchent avant tout un épanouissement et un bien-être professionnel, quitte à gagner moins d’argent.
Bon à savoir : lorsqu’on s’intéresse au phénomène de quiet quitting, on ne peut pas éviter la question du recrutement. D’après l’Insee, 6 entreprises sur 10 ont indiqué avoir des difficultés à recruter en 2019 contre 1 sur 4 en 2015.
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Comment se manifeste la « démission silencieuse » sur le lieu de travail ?
Si on comprend mieux le contexte dans lequel s’inscrit la tendance du quiet quitting, à quoi ressemble vraiment un salarié désengagé ? Tout d’abord, il s’agit d’un collaborateur qui se contente d’effectuer les tâches listées sur sa fiche de poste, ni plus ni moins.
L’idée n’est pas de bâcler ou de rogner sur les activités demandées, mais plutôt de ne pas faire davantage que ce qui est attendu dans l’espoir d’une augmentation, d’une promotion ou d’une reconnaissance. Les quiet quitters ne courent pas, ou plus, après la récompense.
Plus largement, le concept de quiet quitting pose des limites plus nettes sur la place du travail dans la vie. Derrière ce terme, les salariés décident de prendre soin d’eux-mêmes et de leur santé mentale avant la productivité de l’entreprise. Dans le fond, le phénomène redéfinit complètement la notion de réussite professionnelle.
Si la pandémie a mis le feu aux poudres, le phénomène de quiet quitting s’inscrit dans une période anxiogène plus large qui a favorisé cette remise en question comme l’inflation galopante, la guerre en Europe ou le changement climatique. Face à ces bouleversements majeurs, la modification du rapport au travail n’a rien de surprenant.
Bon à savoir : d’après une étude anonyme réalisée par LiveCareer, 94 % des 1 000 travailleurs interrogés se considèrent comme des « quiet quitters ».
Comment générer de l’engagement chez les quiet quitters ?
Selon le rapport State of the Global Workplace du cabinet Gallup, seuls 6 % des actifs se disent engagés au travail… On est d’accord, c’est bien peu ! Dès lors, comment savoir si vous faites partie des quelques entreprises chanceuses ou de celles qui ne parviennent pas à impliquer leurs collaborateurs ?
Toute la difficulté du renoncement silencieux se tient là : il ne se repère et ne se mesure pas facilement. Dans tous les cas, même si votre entreprise ne semble pas touchée en apparence, rien n’empêche d’agir de manière préventive.
Bon à savoir : les indicateurs RH comme le taux de turn-over ou l’absentéisme offrent des clés de lecture du climat social dans l’entreprise pour anticiper le mal-être ou le désengagement professionnel.
Pour commencer, savez-vous ce qui motive vos équipes ? Connaissez-vous les leviers qui donnent envie à vos collègues de se lever le matin pour venir travailler ? Sans déterminer les moteurs d’engagement de vos collaborateurs, il vous sera impossible de répondre correctement à leurs attentes.
La manière la plus simple pour dissiper ce flou est de faire le point avec eux pendant une enquête collective ou lors d’un entretien feedback individuel en posant les bonnes questions :
- À quoi ressemble la réussite dans ce poste pour toi ?
- Comment évaluerais-tu ta charge de travail ?
- As-tu envie d’évoluer et de quelle manière ?
- Aurais-tu besoin d’une formation pour enrichir tes connaissances dans un domaine particulier ?
- Tes compétences te semblent-elles bien utilisées ?
- Comment aimerais-tu contribuer au développement de la société ou à celui de ton équipe ?
Et oui, de nombreux quiet quitters le sont devenus à force de ne pas obtenir de reconnaissance, de perspective d’avenir ou de confiance de la part de leur hiérarchie. À force de sentir du désintérêt ou d’être constamment freinés dans des projets, les salariés finissent immanquablement par lâcher prise et ça se comprend.
Pour endiguer le phénomène, vous devrez donc revenir à la source et vous assurer que toutes les envies et les besoins de vos collègues soient entendus, compris et traités. Plus vous parviendrez à vous adapter, à vous montrer flexibles et à témoigner de l’importance pour la parole des employés, plus ces derniers vous accorderont leur fidélité.
- le quiet quitting n’est pas synonyme d’une démission, mais plutôt d’un sentiment de désengagement de la part des salariés qui font le strict minimum sur leur lieu de travail ;
- la « démission silencieuse » traduit une envie des employés de placer leur santé mentale avant la productivité de la société ;
- pour générer de l’engagement chez les quiet quitters, les managers, les dirigeants et les services des ressources humaines doivent s’intéresser aux propositions des collaborateurs, leurs attentes, leur bien-être, leurs compétences et les impliquer concrètement dans l’entreprise.